08 December, 2017

3ème Cours Global Francophone
sur la Couverture Universelle en Santé

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Banque Mondiale (BM) ont initié un programme de formation sur le financement de la santé et la Couverture Santé Universelle (CSU) en 2015 destiné à la communauté francophone. Deux cours ont été organisés à ce jour ; le premier a eu lieu à Dakar (Sénégal) en Avril 2015 et a porté sur les fondamentaux du financement de la santé et la Couverture Sanitaire Universelle (CSU), et  le second organisé à Rabat (Maroc) en juin 2016 s’est focalisé sur les questions liées à la couverture du secteur informel. Pour ces deux sessions, un ensemble de 120 participants a été rassemblé, regroupant 16 pays francophones, et ciblant les représentants des ministères de la santé, des finances et des affaires sociales directement impliqués dans la politique de financement de la santé.




La troisième édition du cours francophone sur la CSU avait pour objectif de renforcer et d’approfondir les capacités des pays en matière de financement de la santé. Il visait en particulier à apporter des éléments concrets pour avancer vers la mise en œuvre des stratégies de financement de la santé. A cet effet, Une délégation du Cameroun a participé à ce cours  sur la couverture santé universelle  et était composée de:
  1. Dr. Virginie Elise LONGANG OWONO, SDPAC, PF ST-CSU
  2. Dr. Etienne NNOMZO’O-NPO/MTN, OMS Cameroun 
  3. Dr. Florence ZEH KAKANOU, SD VIH-Hep/DLMEP
  4. Dr. AMANI Adidja, CSSE/DSF
La première session était dédiée à la cérémonie d’ouverture, avec des discours des représentants du  Ministre de la Santé du Royaume du Maroc, de l’OMS et de la Banque Mondiale,  de JICA, et à la présentation des participants.
Après les mots introductifs, il a été procédé à la présentation des objectifs de l’atelier suivi de la première présentation qui avait  pour objectif de rappeler succinctement la quintessence des deux cours précédents.
De cette présentation, on retient que, le 1er cours s’est tenu en Avril 2015, avec la participation de 16 pays francophones d’Afrique Sub-Saharienne et d’Haïti.  Le 2e cours s’est tenu à Rabat en 2016, avec un focus sur la couverture du secteur informel. Les éléments essentiels à retenir de cette présentation étaient les suivantes :
·       il n’y a pas de schéma préétabli pour aller vers la CSU ; le processus dans les pays devrait se baser sur les leçons apprises, et les bases factuelles;
·       Aucune nation n’atteint la couverture universelle sans subventionnement et sans obligation ; Si les riches et ceux en bonne santé n'adhèrent pas, les pauvres et les malades sont laissés avec des services de mauvaise qualité, financés par des ressources insuffisantes ;
·       Les mutuelles et micro-assurances ont eu un rôle dans beaucoup de pays, mais un plan pour les fusionner est important pour la CSU, car les fonds plus larges sont financièrement plus viables que les petits fonds au niveau communautaire ;
·       La CSU n'est pas seulement le financement, mais nécessite une amélioration significative des prestations des soins de santé et des ressources humaines ;
·       Chaque pays peut modifier son système de financement pour aller vers la CSU par 3 mécanismes : en réduisant le gap entre les besoins et l’utilisation des services, en améliorant la qualité, et en augmentant la protection financière ;
·       La CSU va exiger le renforcement massif de l’offre (services, intrants et organisation), et de donner une plus grande place au secteur privé ;
·       Dans les pays qui ont un secteur informel majoritaire, donc une faible capacité contributive, l’appui de l’état devrait être plus important si on veut faire de la couverture sante universelle une réalité ;
·       La mise en commun avec participation obligatoire  reste un maillon  essentiel car plus la taille est grande, plus on reparti le risque, plus on mutualise les risques;
·       La gratuité devrait être incluse dans un panier plus large de réformes en soutien à l’offre de soins ; à cet effet les politiques de gratuité devraient faire l’objet de réformes d’assurance maladie, comme mécanismes d’exemption non contributifs. Il est important d’intégrer les mécanismes de  gratuite  et les indigents (personnes qui ont une faible capacité contributive) dans la CSU pour diminuer les couts de transaction et améliorer l’équité ;
·       L’amélioration de la qualité des soins est essentielle pour la démarche vers la CSU, car le coût de la non qualité est plus élevé.
La deuxième présentation de la journée a porté sur l’achat stratégique. Cette session était une introduction générale à l’achat stratégique des services de santé, ses enjeux et son importance dans le système de santé. D’entrée de jeu, l’achat stratégique a été présenté comme  un levier permettant de progresser vers la CSU. En guise d’introduction, il a été précisé que l’achat stratégique se définit comme le fait de « lier les paiements à l’information sur la performance et les besoins de santé de la population»,  mais aussi «l’engagement actif, basé sur l’évidence pour définir la combinaison des services et le volume, sélectionner le mix des prestataires, et décider sur les méthodes de l’achat». Les trois composantes clés de l’achat stratégique étant  la définition du panier de services de santé, les modalités de paiement des prestataires, et la gestion de l’information. De plus l’achat stratégique a été présenté comme un enjeu majeur qui devrait prendre en compte l’intérêt de tous les acteurs : les prestataires, l’acheteur et les  bénéficiaires.
Un pays peut commencer des réformes du système de financement avec l’achat stratégique au travers  des étapes suivantes:
·       Mettre en place un panier de soins optimal ;
·       établir un système de paiement ;
·       renforcer la prestation des services et leur qualité ;
·       s’occuper de la mise en commun et convaincre les populations de payer plus pour la santé ;
Quelques exemples d’acheteur incluent : les Ministères de la Santé, autres ministères (ex. ministère de la défense, de la protection sociale, les collectivités locales, les Caisses d’assurance maladie obligatoire, les mutuelles de santé, les compagnies d’assurance privées, les ONGs.
La suite de la présentation a porté sur la différence entre l’achat « passif » et l’achat « stratégique ». L’achat Passif  étant caractérisé par une allocation des ressources basée sur des normes, il n’y a pas ou peu de sélection des prestataires, il n’y a pas ou peu de monitorage de la qualité, une passivité dans la détermination des prix, de la qualité et du volume, et une distance entre l’acheteur et bénéficiaire.
L’achat stratégique par contre est basé sur un système de paiement qui crée délibérément des incitations, la contractualisation est sélective, avec amélioration de la qualité,  il est actif dans la détermination des prix, le système est dynamique - ex : avec le PBF-, et est à l’écoute et satisfaction des bénéficiaires.

Les objectifs de l’achat stratégique présentés étaient : une modification des volumes et de la distribution des soins de santé fournis, un changement du mélange des intrants (personnel, médicaments, etc.), un changement dans le comportement des prestataires pour de meilleurs soins de santé. Ceci permettrait au long terme d’améliorer : l’efficience, la qualité des soins, l’accès, la pérennité et la maîtrise des dépenses, la distribution équitable des ressources, et la redevabilité aux populations. L’achat stratégique en pratique veut dire un paiement prospectif, si l’acheteur connaît d’avance ses dépenses, et a donc  moins de devenir « un acheteur aveugle ».
Les éléments clés pour un achat stratégique:
·       l’accent qui est mis sur les interventions à haut impact et  davantage la santé primaire, en implémentant des tarifs de responsabilité plus élevés.
·       La négociation des prix et l’utilisation rationnelle des médicaments , notamment la promotion des médicaments génériques, l’établissement des listes des médicaments essentielles, les normes de prescription et protocoles thérapeutiques, la rémunération des prestataires par forfait, capitation, budget au lieu de paiement par acte/médicament ;
·       Les incitations pour limiter les soins de santé à coût élevé et peu efficaces avec un ticket modérateur élevé pour l’auto-référence, les tarifs de responsabilité limités pour des services non-prioritaires ou à coût élevé comme les IRMs.
En règle générale, les compétence requises pour l’achat stratégique identifiées étaient: un personnel qualifié avec une gamme de compétences pour la vision et la conception initiale de l’achat stratégique, la définition du paquet de soins, l’estimation des coûts, l’établissement de contrats, la surveillance de la performance, des mécanismes effectifs de gouvernance, un système d’information de qualité et des outils de vérification des résultats/performance et d’atténuation des abus des acteurs concernés. Pour mettre en place l’achat stratégique, il faut les éléments dynamiques suivants :
§  La définition d’une vision stratégique dans le cadre de l’élaboration de la CSU ;
§  La désignation d’un cadre institutionnel de pilotage, étant donné que le MINSANTE n’est pas le seul acheteur ;
§  La responsabilisation des entités chargées de l’achat des services de santé pour la mise en œuvre ;
§   L’amélioration du statut d’autonomie des prestataires publics car il y a encore trop de centralisation;
§  Le paquet de services de santé à définir avec un costing clair et actualisé’
§  L’élaboration d’un manuel opérationnel qui définit très clairement les arrangements contractuels ainsi que les outils et moyens de vérification, contrôle, suivi et évaluation ;
§  La réforme et mise en œuvre prudente et progressive des modalités de paiement des prestataires.
A la suite de cette présentation, parole a été donné aux  participants qui ont partagé  l’état des lieux de l’achat des services de santé dans leurs pays et les virages stratégiques qui entrepris pour aller vers un achat davantage stratégique  Les points suivants ont retenu l’attention des pays :
·       La qualité des soins est un élément transversal de la CSU ;
·       Le MINSANTE est à la fois prestataire, acheteur et régulateur. Cependant il pourrait  y avoir séparation des fonctions, si on a un assureur indépendant ;
§  L’absence d’achat stratégique a un coût supérieur à la mise sur pied d’un mécanisme d’achat de service comme dans le cadre de la CSU ;
§  La nécessité de ne pas être  « un acheteur aveugle » ;
La troisième session était axée sur les méthodes de paiement. D’entrée de jeux, la présentation a fournit un aperçu sur les différentes méthodes de paiement des prestataires, notamment les allocations en lignes budgétaires, l’allocation par un budget global, le paiement à l’acte, la capitation, le paiement forfaitaire (par cas) et leurs incitations.
De cette session, on retiendra que : le système de paiement des prestataires, est un élément clé pour l’achat stratégique et pour la CSU.  C’est l’allocation des ressources aux prestataires avec l’information sur leur performance et/ou les besoins des populations. Le système de paiement aide à équilibrer les revenus et les dépenses du système et crée des incitations pour que les prestataires gèrent leurs services de manière plus efficiente.  Plusieurs systèmes de paiement ont été cités :  
·       L’allocation budgétaire en ligne. Ici, les prestataires reçoivent des montants fixes pour couvrir les coûts de chaque intrant c’est a dire le personnel, les médicaments, les frais généraux etc.), il n’ya pas de sur-prestation, avec maîtrise des dépenses, pas d’incitation à augmenter le volume. Cependant, des inconvénients majeurs sont notamment,  le risque que les allocations ne reflètent pas les besoins, la non utilisation les ressources de manière flexible selon les nécessités, le risque d’utilisation inefficiente des ressources.
·       Le budget programme. Pour un programme de santé par exemple un  programme vertical, des lignes budgétaires existent au sein de ce budget programme, avec une maîtrise des dépenses, pas d’incitation à augmenter le volume, le risque que les allocations ne reflètent pas les besoins, et le risque d’utilisation inefficiente des ressources;
·       Le budget global: Les prestataires reçoivent un montant fixe pour une période donnée afin de couvrir des coûts agrégés. Des informations sur l’activité réelle (l’output des hôpitaux) sont nécessaires à la planification et au calcul du budget. Le budget peut être utilisé de manière flexible, avec maîtrise des dépenses. Cependant,  le risque est d’obtenir des services inefficients ou de faible qualité (sous-prestation), potentiellement couplé à une allocation inéquitable des ressources.
·       La capitation pour les soins ambulatoires/primaires: Un paiement fixe, fait au prestataire à l’avance afin de fournir tous les services d’un paquet prédéfini à chaque individu affilié, pour une période donnée, peut réduire les coûts/améliorer l’efficience des intrants, par exemple utiliser plus d’infirmiers et moins de docteurs, se focaliser sur la prévention. Cependant cette méthode présente des inconvénients qui sont la sous-prestation, la longue liste d’attente, la référence vers  d’autres prestataires ;
·       Le Paiement à l’acte reste la méthode de paiement  aimée par les prestataires ; en effet, les prestataires sont payés pour chaque service(ou groupe de services), fourni individuellement. Les tarifs sont fixés à l’avance pour chaque prestation. L’avantage de cette méthode est qu’elle  fournit des informations sur les outputs et devient encore plus effective si les services s’avèrent d’un bon rapport coût/ efficacité, s’ils sont couplés à une évaluation des résultats, et si le budget est plafonné. Dans ce cas les structures sont payées à l’avance, et assurée du remboursement des frais. L’inconvénient étant la sur-prestation, entraînant une explosion des coûts.  La multiplication des coûts des actes, la sélection des types d’actes en privilégiant les actes onéreux, l’explosion de l’utilisation des médicaments, et la tendance a la fraude entraine une surfacturation du bénéficiaire, qui payera plusieurs fois le ticket modérateur ;
§  Les lignes budgétaires sont une méthode de paiement facile pour faire la planification avec une régularité de l’inscription des montants, et une disponibilité du personnel. Les inconvénients majeurs identifiés étant, la mobilisation difficile, la faible incitation à la performance, l’insuffisance des montants inscrits, la difficulté de déblocage des fonds même quand ils sont inscrits, la faible flexibilité, et l’allocation insuffisante et non basée sur les besoins à cause des arbitrages, et le détournement de ligne budgétaire ;
§  Le forfait est une méthode de paiement  qui inclut les initiatives comme le « Chèque Santé », et les « kits obstétricaux ». L’avantage de cette méthode est qu’elle permet la levée de barrières financières pour les familles,  augmentant ainsi l’équité. L’inconvénient est quelle ne prend pas en compte les complications non éligibles et encourage les références fantaisistes.
§  Le budget global ou dotation globale permet a chaque FOSA de réaménager le budget en fonctions des besoins,  mais comme effet adverse, il y a la surfacturation de certains coûts qui entraine un problème de pérennisation ;
§  Les méthodes de paiement combinées sont usuelles dans les pays. l’exemple de l’Estonie qui combine plusieurs méthodes de paiement a été cité.

Système de paiement des prestataires

En ce qui concerne le système de paiement des prestataires, il a été demandé aux équipes pays d’élaborer une cartographie des acheteurs, prestataires et les méthodes de paiement dans leur pays, d’analyser les incitations de ces méthodes de paiement, pour identifier les opportunités et défis dans leur système de paiement.  Au Cameroun, les acheteurs identifiés étaient : les institutions publiques (MINSANTE, MINDEF, DGSSN, MINAS, MINTSS/CNPS), institutions privées, ONGS, autres (assureurs privés), mutuelles de santé, CUVC/CTD, paiement direct (ménages).

La dernière session de la journée était consacrée à une  expérience de paiement à l’acte, notamment celle du Japon. Au Japon, la majorité de prestataires sont issus du sous secteur  privé. La fragmentation est de mise avec près de 1.800 pools d’assureur/fond d’assurance, et la longévité (population âgée) présente d’énormes défis. Pour remédier à ces défis, le Japon a mis sur pied la grille tarifaire uniforme au niveau du programme d’assurance sociale, avec près de 190.000 prestataires de services publiques ou privées qui utilisent la même grille tarifaire. Les protocoles thérapeutiques sont révisés tous les 2 ans, et les remboursements se font dans un délai de 2 mois. Le Conseil Central de l’Assurance Maladie Sociale détermine les taux de révision de chaque article de la grille tarifaire.
Les facteurs permettant un contrôle fort du gouvernement sur de la grille tarifaire sont : la bonne capacité administrative des agents du gouvernement, le consensus social et politique sur la couverture universelle pour la santé, la couverture à 100% de la population  des programmes d’assurance maladie sociale, le fort pouvoir de négociation des acheteurs et le fait que tous les prestataires de services de santé contractent les programmes d’assurance maladie sociale, avec plus de 95% des revenus des prestataires qui proviennent des services dont les prix sont fixés par la grille tarifaire. De plus, Les prestataires de services n’ont pas de droit de prescrire un médicament qui n’est pas prescrit dans le document de grille tarifaire.
Au niveau du pilotage institutionnel, le cabinet du  Premier Ministre, définit la dépense totale en santé, et la révision de la grille tarifaire constitue un élément de politique de santé, avec une grande implication de la société civile.

Durant les échanges qui ont suivis ces exposés, les messages clés à retenir étaient les suivantes :
1.     Il n’y a pas de méthode de paiement parfaite. Elles ont toutes des forces et des faiblesses. Elles peuvent toutes produire des incitations non-voulus et des effets adverses. Mais elles peuvent toutes être utiles à certains moments, en fonction des objectifs ;
2.     Il est important de se  focaliser d’abord sur une mise à niveau de la porte d’entrée du système ex : CSI comme premier lieu de référence, au lieu de l’autoréférence au CHU ;
3.     En tout état de cause, il vaut mieux comprendre comment les incitations créées par les méthodes de paiement à une structure sont transmises en des incitations pour l’individu (l’agent de santé) ;
4.     Les critères pour savoir qu’un pays est sur la bonne voie  pour l’achat stratégique, est le  type d’information qu’il utilise, les besoin de la population, et les méthodes de paiement qui doivent être  orientées vers  le résultat. C’est un continuum ;
5.     Aller vers des paiements explicitement combinés. En effet, la combinaison des méthodes de paiement sert à minimiser les effets négatifs et maximiser les effets positifs. La capacité de l’acheteur et l’autonomie du prestataire sont des pré-conditions importantes afin de mettre en place/ répondre aux incitations et réaliser des gains d’efficience. Exemples: Capitation partielle et certains services prioritaires rémunéré par le paiement à l’acte; Budget programme et paiement basé sur la performance; Paiement à l’acte et le paiement basé sur la performance.


La première session de la journée a porté sur le système des méthodes de paiement multiples et implications pour l’achat stratégique. De cette présentation on retient que, les ménages ne peuvent pas être des acheteurs car les acheteurs ont un pouvoir de négociation. Plus le pooling est important, plus la capacité de négociation est importante. Les multiples méthodes de paiement peuvent être complémentaires et compensatrices.  Si mal alignées, elles créent des  incitations contradictoires.  Le mix influencera positivement ou négativement la maîtrise des coûts, l’efficience, l’équité, la qualité et la protection financière. Le manque d’alignement dans le système de paiement a des causes multiples notamment la fragmentation du  système de financement   de la santé, la faible gouvernance, l’économie politique et les résistances des prestataires. En conclusion un système de paiement fragmenté renforce la ségmentation du système de santé.
Pour ce qui est de l’identification des facteurs favorables de mise en œuvre de méthodes de paiement dans un pays, les points suivants ont été cités:  une maitrise du cadre juridique existant afin d’identifier les options faisable; la disposition d’un système de gestion d’information unifié ou harmonisé, le leadership et la gouvernance de l’ensemble des acheteur avec la définition des politiques, l’harmonisation du panier des soins et des méthodes de paiement; et la participation de l’ensemble des parties prenantes, y compris les prestataires, avec un mécanisme décisionnaire.

Le Maroc  a ensuite effectué une présentation synoptique sur les flux financiers. On retient de cette présentation que c’est un système du tiers payant avec une tarification nationale de référence tarifiée ; les services d’hémodialyse sont basés sur la contractualisation dans le secteur privé via un cahier de charge qui spécifie des clauses. Il y a une multiplicité de type de tarification, avec différents taux qui entraine un problème de rationalisation  des outputs.

Gouvernance de l’ensemble des acheteurs pour un achat stratégique

La deuxième session de la journée était consacrée à la Gouvernance de l’ensemble des acheteurs pour un achat stratégique
D’entrée de jeux le facilitateur a définit la gouvernance comme «  l’arrangement structurel des processus de prise de décision et de l’exercice de l’autorité, et qui assure la surveillance, règlementation et la redevabilité ». Les  acteurs de gouvernance nécessitent de l’autorité et des capacités institutionnelles, fondé dans la représentation des populations. Le Ministère de Santé n’est plus qu’un prestataire et acheteur, mais aussi un des acteurs de gouvernance pour multiples acheteurs. La gouvernance joue donc une fonction cruciale dans un système de santé et est nécessaire pour aller vers la CSU. Les exigences institutionnelles de gouvernance  d’un acheteur pour accroître l’achat stratégique sont : un mandat clair et des objectifs définis, une contrainte budgétaire solide, un organe de contrôle effectif avec un  mécanisme de redevabilité, une autonomie suffisante de l’acheteur, un degré suffisant de pouvoir d’achat, avec une participation et représentation de toutes les parties prenantes.

Le Sénégal a ensuite partagé son expérience dans la gouvernance. En effet, il s’est agit de mettre sur pied d’un comite multisectoriel de pilotage  (MINSANTE, MINFI, PTF), qui donne les orientations stratégiques. Parallèlement, une instance de coordination multisectorielle au niveau régional avec intégration de la société civile constitue un  démembrement du comité de pilotage au niveau des régions. L’élaboration du manuel de procédure a permis de clarifier les rôles et responsabilités partagé par l’ensemble des acteurs (acheteurs, prestataires), organes de control/dispositif de control. Cependant des défis persistent notamment la pérennisation, le financement du comité de pilotage (PTF pour l’instant),  et la fragmentation du dispositif.


Expériences de la Tunisie dans la gouvernance

De cette présentation, on retient que la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) est un régime d'assurance maladie tunisien. Il est mis en place en 2004 dans le cadre de la réforme visant à unifier les régimes d'assurance maladie et des prestations sanitaires auparavant assurées par la Caisse nationale de sécurité sociale et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale, mais aussi à élargir la couverture sanitaire aux prestataires privés de soins1. La CNAM a pour mission la gestion des régimes d'assurance maladie, des régimes de réparation des dommages résultants des accidents du travail et des maladies professionnelles dans les secteurs public et privé, ainsi que l'octroi des indemnités de maladie et de couche. L'assuré social est couvert par l'une des trois filières de soins: La filière publique,  la filière privée  et  le système de remboursement. cependant les défis restent , le faible taux de remboursement avec un écart important  du pouvoir d’achat des Tunisiens et que l’ACNAM est sous l’autorité du Ministère des Affaires Sociale qui joue le rôle de régulateur, la contrainte budgétaire  car unique source de revenue  et l’absence pas de référentiel par le MINSANTE .
A la suite des présentations, des travaux de groupe par pays sur la gouvernance de l’achat stratégique a été effectué. Le tableau ci dessous, est le fruit du travail de groupe du Cameroun.
Tableau 1: Gouvernance de l’achat stratégique au Cameroun
ACTEURS IMPLIQUES
FAIBLESSE
FORCE
MINSANTE
-        Absence de manuel de procédure
-        - Faible coordination  des multiples acheteurs
-        -Conflit d’intérêt du régulateur Principal
-        Insuffisance des ressources allouées a ‘amélioration du processus
-Fort engagement politique
RHS disponible compétentes  et motivées
-Démarche achat stratégique entamée (panier de soins, protocoles de soins, harmonisation des couts)

MINTSS, CNPS, Mindef , assureurs des entreprises


Achat stratégique et importance de l’information.

 Cette session s’est intéressée au rôle important de l’information dans la progression vers un achat stratégique. Elle a décrit succinctement les défis liés au système d’information des acheteurs et a expliqué également l’importance de l’intégration du système national d’information sanitaire (SNIS) et du système d’information des acheteurs. Tout d'abord, l’information est un élément stratégique majeur dans le domaine de la santé et particulièrement au niveau de la politique d’achat. Donc l’achat stratégique ne peut se faire sans un bon système d’information sanitaire. L’information concerne donc:
le fonds mis en commun et l’ allocation, le flux de fonds et la contractualisation, les prestataires de services de santé
, les prestations/soins
, et la population concernée. Cependant d’énormes défis liés à l’information, entravent l’achat stratégique notamment : la faible génération de données pertinentes, l’information disponible pas toujours analysée et utilisée dans le processus d’achat des services de santé ; les capacités techniques limitées aussi bien au niveau de la conception, la gestion, la collecte, que de l’analyse et l’exploitation, la fragmentation des systèmes d’information et la  faible interopérabilité.
L’accent a été ensuite mis sur les bénéfices communs entre l’achat stratégique et le SNIS. D'une manière générale, l’achat stratégique met l’accent sur la collecte de données, provenant du SNIS et d'autres sources (essentiellement les prestataires), d’une certaine qualité en vue de l’utiliser dans le processus d’achat auprès des prestataires. Non seulement mais en outre, le SNIS pourrait bénéficier de l’information spécifique obtenue par les acheteurs, particulièrement de la part des prestataires publics et privés qui sont dans l’obligation de la fournir, pour qu’elle soit utilisée plus largement dans le cadre des besoins du système de santé. A cet effet, la base de données des programmes de FBP comme  source formidable de donnée a servi d’exemple.
Malgré tous les bénéficies lies a l’arrimage des 2 systèmes, il a été souligné quelques  défis liés à l’intégration du SNIS avec le système d’information des acheteurs, notamment : l’intégration, la coordination institutionnelle, les défis techniques et l’interopérabilité, l’intégrer et l’adhérence totale du processus par le secteur privé, la pérennité: il y a certes un besoin d’assurer une pérennité financière de cette intégration, mais la pérennisation institutionnelle et technique.
En terme de prochaines étapes vers l’achat stratégique, la session était une opportunité pour les participants d’utiliser les inputs de toutes les sessions précédentes dans le but de réfléchir aux possibles prochains pas vers l’achat stratégique. Les pays ont été  appelés également à définir leurs besoins potentiels en termes de renforcement des capacités institutionnelles et techniques. Les travaux de groupe qui ont suivi demandaient de décrire la situation (cartographie des acheteurs, des prestataires et des méthodes de paiement, et d’identifier les incitations créées par ce mixe de méthodes de paiement et explorez leurs effets sur le comportement des prestataires et sur la performance du système de santé.
Les messages clés et utiles pour le pays à l’issue de la journée étaient les suivantes :
·       L’achat stratégique est plus difficile dans un système de financement de la santé fragmenté; cela nécessite une forte gouvernance, mais celle-ci est souvent également fragmentée. Des faiblesses dans la gouvernance affectent les politiques de l’achat et le progrès vers la CSU
·       La  Cartographie des parties prenantes et leurs intérêts est importante.
·       L’harmonisation et l’unification des systèmes de gestion d’information ;
·       L’ alignement et l’ intégration du Financement basé sur la Performance (FBP) avec le “reste du système de paiement, car l’alignement des incitations , va permettre une meilleure complémentarité ;
Cette session a débuté le module gestion des finances publiques en santé. Tout d’abord, elle visait à fournir un aperçu des grands principes en matière de gestion des finances publiques et à rappeler les grandes étapes et prérequis pour une bonne application/gestion du cycle budgétaire. Ensuite, la session a ciblé plus particulièrement les questions et les défis liés à la budgétisation dans le domaine de la santé.
En guise d’introduction aux principes de gestion des finances publiques, cycle budgétaire, et questions de budgétisation en santé, il faut noter que les Finances Publiques se modernisent afin de contribuer à la mise en œuvre des politiques publiques. Cela se traduit par une responsabilisation accrue des gestionnaires, mais nécessite une meilleure diffusion des flexibilités et souplesses octroyées pour une grande adhésion desdits gestionnaires. Dans beaucoup de pays, la gestion des finances publiques (GFP) est essentielle pour parvenir à une couverture sanitaire universelle. Le mandat de la CSU2030 va au-delà de l’efficacité de l’aide au développement pour englober le renforcement des systèmes de santé, la mobilisation des recettes intérieures et le financement de la santé.
A la suite de cette session introductive, le focus a été porté sur les  structures des budgets en santé, et transition vers les budgets programme en santé. Cette session  s’est focalisée sur les questions de structures des budgets dans le secteur de la santé. Elle a commencé  tout d’abord  par rappeler l’importance des questions de structure budgétaire pour les réformes du financement de la santé. Elle a ensuite revue les défis liés à la transition vers les budgets par programme dans le secteur de la santé, en s’appuyant sur des exemples pays variés. Deux cas pays ont été  ensuite présentés (Burkina Faso et Gabon) afin de mieux comprendre, à travers ces deux cas, les problèmes concrets posés par cette transition.
De ces exposés, il est essentiel de retenir que les facteurs clés de succès d’une planification traditionnelle par intrants à une priorisation multi-annuelle par programmes, il faut  appliquer le transfert de responsabilité vers les gestionnaires de programmes
, être redevable par programmes
, et aligner les comportements et les incitatifs au changement dans la gestion des dépenses.
A la suite des présentations, les pays sont rentrés en travaux de groupe  pour analyser les défis et leçons sur la transition vers les budgets par programme. Pendant ce premier exercice en groupe, les pays ont été amenés à travailler sur leur propre contexte, afin d’analyser la structure de leur budget actuel (sur la base d’un questionnaire établi par l’OMS) et d’identifier les leçons concernant le passage à un budget programme. Pour les pays au stade “pilote”, les participants ont été amenés à analyser les conditions nécessaires à la réussite de cette réforme dans leur contexte. Les résultats des travaux ont été présentés le quatrième jour.

Panel des partenaires : Quelle implication sur les questions d’achat stratégique et de finances publiques en santé dans les pays francophones ?

Les partenaires financiers du cours ont été invités à partager leur engagement dans les domaines de l’achat stratégique et la gestion des finances publiques en santé dans les pays francophones. Par ordre alphabétique, il s’agissait de l’AFD, GIZ, JICA, P4H, et USAID.
§  Pour l’USAID, plusieurs innovations ont été apportées à la troisième édition du cours, en apportant un soutien financier et en faisant bénéficier ses équipes régionales et nationales du cours et des discussions organisées dans ce cadre. L’USAID fait partie du  groupe de travail sur le financement de la santé, et partenaire de la banque mondiale, partenariat avec la BM pour un cours spécial avec le Nigeria, le focus sur la revitalisation des soins de sante primaire.
§  P4H. Mr.Claude Meyer qui représentait officiellement www.p4h.org  le Ministère de la Coopération Allemande et le Gouvernement Suisse, a focalisé son propos sur 2 points. Le premier étant le  Joint Learning Network et les communautés de pratique qui permet de développer des échange entre pairs , et le deuxième point sur le  cours du leadership pour la CSU.
§  Banque Mondiale. L’essentiel du propos de la BM, était axé   sur un appui de plus en plus  technique de la BM, et non pas seulement l’appui financier. Certains pays ont été cités en exemple de ce « shift », notamment le Cameroun pour le FBP, et le secteur de l’éducation au Sénégal.
§  OMS. L essentiel du message adressé par le représentant de l’OMS  était axé sur les leçons apprises suivantes : adresser les problèmes qui constituent les informations pour les décideurs, transformer cela en un langage audible par les décideurs, travailler de façon intégrée avec les équipes en charge de la programmation budgétaire, traduire des budgets en service , et en matière de CSU bâtir sur l’existant,  et renforcer le dialogue .

La première session de la journée a porté sur les défis liés à l’exécution des budgets de santé. Cette session a débuté par le rappel des grands principes liés à l’exécution budgétaire, a abordé les questions de trésorerie et les réformes générales engagées sur ces sujets dans les pays. Ensuite, la session a ciblé plus particulièrement les questions de sous-exécution des budgets santé et a cherché à mieux en comprendre les causes et les remèdes possibles.
De prime abord, la procédure générique d’exécution de la dépense publique commence avec  l’expression des besoins  formulée par l’ordonnateur et s’achève avec le paiement de la dépense par le comptable public. En règle générale, une bonne exécution commence dans la phase de préparation qui comporte les étapes suivantes : s’assurer d’un lien entre la stratégie sectorielle, le CDMT sectoriel, et les allocations budgétaires ; baser les allocations budgétaires sur des projets d’investissements suffisamment matures (Avant Projet Sommaire, Avant Projet Détaillé, DAO...) ; s’assurer de la disponibilité avant fin décembre N-1 des Plans de Passation des Marchés des activités budgétisées ; et obtenir une mise à disposition en janvier des crédits budgétaires y compris dans les niveaux déconcentrés ;
A cet effet, le Cameroun est cité en exemple au travers des activités mise en œuvre, comme l’instauration de paieries spécialisées ministérielles, avec des comités locaux de suivi physico financier du budget d’investissement ; et l’expérimentation envisagée des contrats de performance dans la chaine de la passation des marchés ;
Il a ensuite été demande au pays de remplir un questionnaire en ligne sur la structuration budgétaire. Le questionnaire a été conçu pour aider à comprendre avec plus d'acuité les structures de budget, le processus de réforme budgétaire, les facteurs de réussite et les effets liés à l'adoption de nouvelles approches de budgétisation dans les pays représentés. Il consistait  en un ensemble de questions fermées à choix multiples avec quelques questions ouvertes.
Enfin, deux pays participants (Burundi et Guinée) ont été invités à présenter leurs expériences, en faisant ressortir les causes explicatives de la sous-exécution du budget santé et en réfléchissant sur l’efficacité les solutions mises en oeuvre ou envisagées.

Présentation des travaux en groupes et synthèse .Dans cette session, les travaux et réflexions effectués au cours des sessions précédentes ont été présentés et discutés avec l’ensemble des participants.  Dans un premier temps, un “marketplace” était organisé autour des travaux préparés sur la structure budgétaire et l’exécution (présentation de posters pays), puis 3 pays ont été invités à présenter oralement leurs travaux. Ensuite , les participants ont été  invites à discuter i) des causes; ii) les remèdes de la sous-exécution des budgets en santé, par groupes de pays. Le résultat des travaux ont été  présenté. 
·       Pas de progrès vers la CSU sans efficacité dans les dépenses (flux financiers et méthodes de paiements appropriés) ;
·       la manière dont les budgets publics sont formulés, alloués et utilisés dans le secteur de la santé est au cœur de l’agenda de la CSU ;
·       Il est important d’intégrer les mécanismes de  gratuité  et les indigents (personnes qui ont une faible capacité contributive) dans la CSU pour diminuer les couts de transaction et améliorer l’équité ;
·       L’amélioration de la qualité des soins est essentielle pour la démarche vers la CSU, car le cout de la non qualité est élevé ;
·       La mise en place un système de paiement qui permet d’améliorer la qualité des soins ;
·       Développer et mettre en oeuvre les mécanismes de paiement et calculer/définir les taux de paiements ;
·       Suivre la performance des prestataires, l'utilisation des soins de santé et leur qualité
L’évaluation du cours  et la remise de parchemins ont clôturé le cours

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